Blanc tacle les Bleus et la FFF
Dans une entrevue accordée à L'Equipe, Laurent Blanc revient sur la prestation de l'équipe de France, et sur les joueurs, qu'il n'hésite pas à tacler : «Le potentiel est bon. Mais il est jeune et dépourvu de tauliers.» Des jeunes auxquels il reconnaît des qualités, mais qu'il remet vertement en place : «Nasri est-il un Zidane ou un futur Zidane ? Non, ni l'un ni l'autre. Gourcuff, non plus. Ben Arfa, je le prends à Bordeaux. Mais est-ce que le Real Madrid ou Manchester United agiraient de même ? Pour l'instant, non.» Pour le coach bordelais, les jeunes, s'ils sont bons, n'ont pas encore le niveau de joueurs européens évoluant dans de grands clubs, y compris Benzema : «J'aimerais bien que le Real offre 50 millions d'euros à Lyon. Cela confirmerait tout le talent que Benzema possède. Mais il n'est pas encore au Real. J'espère que tous ces joueurs en sont conscients.»
Une période de transition
Malgré tout,le Président reste confiant sur l'avenir des Bleus : «Une équipe, ça se construit. Un renouvellement de génération est toujours compliqué.» Laurent Blanc met donc les difficultés rencontrées par les Bleus sur le compte des joueurs et du contexte, et étonnamment, il défend Raymond Domenech : «Ceux qui pensent que le problème c'est Domenech ont tort (...) Elargissons le problème» Il rappelle aussi que l'équipe de France a déjà connu des moments difficiles et que l'épopée de 1998 était un moment extraordinaire «ce sera très, très difficile de le revivre». Au sujet de la succession de Domenech, il reste prudent : «Autant j'étais d'accord pour une réflexion à son sujet après l'Euro, autant là, je trouve ça très limite.» Celui qu'on avait présenté comme un candidat possible à ce poste élude habilement la question en invoquant l'intérêt de l'équipe de France. Un départ de Domenech serait «une mauvaise nouvelle car cela signifierait que la France a perdu en Roumanie et a mis sa qualification en péril.» Mais il admet qu' «un jour, ce ne sera plus Domenech mais Didier (Deschamps) ou un autre. Ce qui compte, c'est le football français.»
« Il faut casser le système »
Et quand on lui parle de France 98 et du poids des anciens sur l'équipe de France, il remet tout de suite les choses au clair : «On n'est pas là pour faire du lobbying. On n'en a pas les moyens et surtout pas l'envie. Vous le voyez faire du lobbying Zidane ? Il n'a que ça à faire ! (...) Cette phobie de France 98 est démesurée. C'est archi-faux de dire que nous formons un clan.» S'il réfute l'idée d'un clan 98, Blanc aimerait que d'autres anciens occupent des postes importants à la FFF, ceux de 1978, 1982, 1984 et bien sûr... de 1998. Il remet en cause le système de désignation du sélectionneur. Il préconise de «casser ce système stéréotypé consistant à choisir celui qui sort du sérail plutôt que le meilleur. Ça va coûter de l'argent ? Oui, mais quand l'Angleterre opte pour Capello, elle ne se pose pas la question.» Mais Laurent Blanc conclut sur une note pessimiste : «Il faut avoir une volonté d'ouverture. Je ne crois pas que ce soit le cas».