Sifflé mais encore debout
On s’attendait à un divorce plus marqué entre le public et l’équipe de France. Les spectateurs ont été frileux mais pas complètement hostiles. Seul Domenech a vraiment été conspué. Mais il est toujours debout.
Depuis que l’on pratique le Stade de France, rarement on avait vu aussi peu de monde dans cette enceinte pour un match éliminatoire. Et l’ambiance était bizarre avec cette impression d’être plus dans un théâtre que dans un stade. Aucun sourire, des récriminations, des banderoles anti-Domenech... Les seuls sourires qui égaient les visages des 53 027 témoins apparaissent quand le handballeur médaillé d’or aux Jeux Olympiques, Nikola Karabatic, arrive dans le Stade par la porte U. « Au moins un qui gagne », se marre un fan. « Regarde comment il est disponible », lance un autre. Et on se dit qu’on aimerait que nos Bleus manchots aient la même attitude que nos champions de Pékin. Le même amour du maillot, la même décontraction avant et après les matchs. Il y a parfois des leçons à retenir… Bon, on s’attendait aussi à plus d’hostilité que ça envers nos Bleus. Si le groupe a été sifflé, il ne s’agissait pas d’une bronca terrible. Si Henry, Mexès, Abidal et Mandanda ont été chahutés lors de l’annonce des équipes, la vraie seule volée de bois vert a évidemment été pour le sélectionneur qui concentre sur lui la rancœur du public.
En fait, avant le match, le SDF est plutôt partagé, comme s'il accordait une dernière chance à l’équipe de France. A vrai dire, ce sont les fans serbes qui créent un peu l’animation, les supporters français étant bien calmes, plus spectateurs qu’agitateurs des travées. Seule l’apparition du visage du sélectionneur ou une faute peu évidente d’Henry sur un contre dangereux réveillent l’ovale de Saint-Denis lors de 45 premières minutes très amicales. A la pause, alors que les médaillés de Pékin encouragent les footballeurs qui rentrent au vestiaire, les spectateurs sortent les sifflets. Les applaudissements sont pour la judokate, le cycliste, le slalomeur, les lutteurs... Même si la plupart est redevenue anonyme après un bel été chinois… Leur tour d’honneur rappelle celui entamé devant 80 000 personnes par les champions du monde 1998 il y a deux mois dans le même stade. Une autre époque…
En seconde période, pour sortir de cette ambiance de match amical de plein été, il faudra ce but de Thierry Henry. Les « Henry, Henry », les « Allez les Bleus » puis les « Anelka, Anelka » sortent des gorges. Mais le public français est aussi ainsi, scandant des « Domenech démission » alors que l’équipe joue enfin un football correct et qu’elle marque des buts. Domenech n’a-t-il pas réussi ce mercredi son coaching en prenant le risque de sortir Benzema pour associer Henry et Anelka devant avec Govou ? N’a-t-il pas osé installer dans un match difficile Yoann Gourcuff en numéro 10 ? N’a-t-il pas refait confiance à Abidal dans l’axe après son triste match face à l’Italie en juin dernier à Zurich ? Le public n’aime pas Domenech. Il ne l’aimera sans doute jamais. Mais ce mercredi, il a vaincu contre vents et marées. Pour obtenir du répit, il faudra non seulement au sélectionneur qualifier la France pour le Mondial. Mais aussi, sans doute, gagner cette épreuve. Et encore…